Deuxième étape : la toile
Par TiZou le mercredi, 3 octobre 2007, 18:31 - Robe - Lien permanent
Vendredi 21 septembre 2007, 21h.
Je vois d’ici les amateurs de rugby penser : « Coup d’envoi du match France - Irlande dans la poule D de la coupe du monde de rugby. Match décisif pour le passage de la France en 1/4 de finale. Mais quel est le rapport avec le mariage de Bertrand et Sophie ? »
Et bien vendredi 21 septembre 2007 à 21h Bertrand est dans un bar, devant la télé – donc occupé.
Ce qui me laisse tout le loisir de filer en douce chez Marie.
Maintenant que nous avons la matière première, il est en effet temps de commencer à donner forme à cette robe. Pour bien comprendre le processus, arrêtons-nous un instant sur les différentes phases de la confection.
Story-board
Tout d’abord, la toile.
C’est ainsi qu’on nomme la première version de la robe, faite directement à même le mannequin ou la personne, à partir de rien peu : un simple croquis. Cette version est réalisée dans un tissu bon marché, la toile, qui sert de brouillon et a été choisie pour être le plus proche possible en texture, poids et volume du tissu final.
Puis, la deuxième toile.
Le nom est trompeur : il ne s’agit pas de refaire une nouvelle robe en toile, mais plutôt de modifier ou d’ajuster, en fonction des envies et des besoins, la version précédente. C’est l’un des avantages du sur-mesure : on peut avoir envie de modifier certains détails ou d’ajuster la forme par endroit une fois que l’ensemble commence à prendre forme. Cette fois-ci, c’est la forme définitive que l’on fixe !
3e temps, le patronage.
Où l’on découvre que la toile, outre servir de brouillon pour fixer la forme définitive, a une seconde utilité. Lorsque tout est fixé, il suffit[1] de découdre le modèle obtenu et chaque morceau de tissu devient alors un patron parfait qui peut être reproduit.
4e temps, la découpe.
Les patrons récupérés précédemment sont utilisés pour découper les formes dans le vrai tissu de la robe, en gardant une marge de tissu pour la couture.
Enfin, l’assemblage.
Là encore, l’étape n’est pas complexe mais elle demande délicatesse et attention. Tous les morceaux de tissu sont cousus entre eux pour donner la robe finale.
Le jupon
Vendredi 21 septembre, donc, pendant que les voisins hurlent à chaque essai marqué, nous entamons la toile.
La soirée sera consacrée au jupon intérieur, le plus près du corps. Une fois le tulle cousu par dessus et un arceau passé dans le bas, c’est lui qui donnera la forme. Nous en aurons donc besoin plus tard pour poser la robe.
Un repassage de la toile plus tard – elle ne doit pas faire de plis – nous sommes lancées. Le jupon sera constitué d’un devant et d’un derrière[2], chacun des deux symétrique par rapport au centre. Seule la moitié du jupon est donc nécessaire pour réaliser au final le jupon complet.
Pour une forme simple telle que celle-ci, un patron établi à partir de mes mesures pourrait suffire. Mais puisque le mannequin[3] est là, autant en profiter pour ajuster le tissu sur elle. Sur un mannequin en bois et feutre, on piquerait directement les épingles dans le feutre pour faire tenir le tissu. Mais par crainte de protestations de ma part, Marie se contente dans mon cas de piquer ses épingles dans mon T-shirt, prévu pour résister à un traitement de choc.
Le positionnement du tissu introduit beaucoup de questions que je n’aurais jamais songé à me poser.
« Elle est où, ta hanche ?
- Euh, comment ça ?
- A quel niveau tu veux porter ton jupon ?
- Euh… Ici… Je crois…
Qu’est-ce que tu en penses, toi ? »
Ou encore :
« Si l’élastique s’appuie à ce niveau là, est-ce que tu es confortable ?
- Ben, oui…
- Ou alors ici ?
- Oui, c’est bien aussi…»
Mais à la fin de la soirée ma hanche a été trouvée, je sais à quel niveau je veux porter mon jupon et je gagne enfin le droit d’aller me voir dans la glace. Et on fait les choses en grand : on profite de l’immense glace en pied sur le palier de chez Marie, en espérant que les voisins ne choisiront pas cette heure pour sortir les poubelles…