Mais avant d’aller plus loin, un tour de l’équipe.

Casting

Marie Marie : styliste, confectionneuse, couturière … Vous l’aurez compris, c’est elle qui va faire tout le travail. Marie m’a fait le plaisir d’accepter de faire ma robe et nous a expliqué toutes les étapes de la création, puisque nous sommes totalement novices en la matière. Et ce sera donc grâce à elle que je porterai la robe que vous verrez dans un an.

Claire Claire, ma mère : très bonne conseillère et soutien enthousiaste. Toujours une bonne idée pour simplifier tous les problèmes et un sens pratique inégalable. Tenue au courant à chaque étape, elle s’apprête à dispenser ses remarques et ses précieux conseils tout au long de l’année.

Sophie Moi : admiratrice béate. Jusqu’à présent mon apport principal a consisté à déambuler entre les rayons en m’émerveillant de tout ce qui se fait, à me laisser faire docilement lors de la prise des mesures et à envisager avec beaucoup de plaisir toute la confection. Ceci dit, je participe avec mes moyens parce qu’il faut bien le reconnaître, ce n’est pas avec mes talents de couturière que je vais pouvoir aider.

Et d’autres, bien sûr, qui n’étaient pas avec nous ce lundi 27 août mais apporterons leur touche au cours de l’année et que je présenterai au fur et à mesure…

Trouver le tissu

Revenons à nos moutons. Ce lundi là, donc, nous partons toutes les trois à la chasse au tissu équipées d’un bloc-notes - contenant déjà mes mesures effectuées le matin même - et d’un crayon, d’un mètre, d’un appareil photo et de divers tickets et abonnements pour le métro parisien.

Le style de la robe et sa forme générale ont déjà été fixés au cours de quelques discussions lors des semaines précédentes, nous savons donc ce que nous voulons.

Etape n°1 : Les Galeries Lafayette Haussmann

Un petit tour rapide au rayon des robes de mariées pour les voir en taille réelle, se représenter un peu mieux l’allure qu’aura la notre et noter les détails techniques qui nous paraissent bien pensés : le nombre de couches au niveau du jupon, le nombre et la position des différents raidisseurs…
Cela nous fait une bonne mise en condition.

Etape n°2 : Bouchara

Premier magasin de tissus, juste de l’autre côté de la rue. C’est pratique, un rayon complet est consacré au mariage. Là je découvre toute l’ampleur de la difficulté : des dizaines de rouleaux de tissus, tous dans les tons de blanc ou écru, sont entassés sur de grandes tables. Plusieurs rouleaux sont tellement proches que je suis incapable de faire la différence entre les tissus. Pourtant ce n’est que le premier magasin et il va falloir que je trouve LE tissu qui me plaît. En effet Marie m’a dit « il y en a probablement un qui te plaira vraiment, pour lequel tu auras un coup de cœur et dont tu sentiras que c’est celui qu’il te faut ».

Bouchara Bouchara

Un peu de papillonnage autour des rayons et quelques rouleaux déroulés plus tard, je suis tout aussi perplexe. Il y a de beaux tissus. Très beaux, même. Et comment on choisit ?

Une vendeuse passe par là, nous donne son avis. « Pour un mariage ? Il y a beaucoup de tissus qui vont très bien. […][1] La soie sauvage c’est très beau également. »

Direction le rayon soie sauvage où, effectivement, « c’est très beau ». D’ailleurs le tissu me plaît nettement plus que ce que j’ai repéré jusqu’à présent. Il est donc vraiment possible d’avoir une préférence…

S’ensuit une discussion assez longue entre nous trois pour essayer de déterminer la différence entre deux rouleaux de tissus qui nous paraissent très proches. On a beau les retourner dans tous les sens, les mettre à la lumière, les comparer au toucher, il nous semble qu’il y a au mieux une très légère différence de brillance, peut-être même plus imaginée que vraiment constatée. Pourtant l’un des deux est deux fois plus cher que l’autre. Une différence de qualité de tissage ? Rien qui ne nous semble visible.
Au bout d’un quart d’heure, tout s'explique : nous ne lisions pas les bonnes étiquettes[2] ! Il s’agit exactement du même tissu, au même prix, avec seulement une différence de coloris. L’un est blanc, l’autre est ivoire. D'ailleurs si vous voulez mon avis ils se sont trompés d’étiquette : c'est exactement le même coloris.

Rassurées sur nos capacités à comparer des tissus et à ne pas nous faire avoir quant à leur qualité, nous reprenons le métro.

Etape n°3 : Le marché St Pierre

Au pied de la butte Montmartre, le marché St Pierre vend des tissus sur 5 étages. Il y en a vraiment pour tous les goûts et tous les styles. Au 2e étage, les soieries. Cette fois-ci nous n’hésitons pas, nous nous dirigeons directement au rayon soie sauvage. Il y a bien un rouleau de soie sauvage blanche, mais il difficile de juger de la différence par rapport à celle de Bouchara.

StPierre StPierre StPierre StPierre

Nous repérons, à un bout, un coin « spécial mariage ». Servies par une vendeuse – les tissus blancs de bonne qualité ne peuvent être touchés par tout le monde pour cause de tâches – nous tenter de comparer un nouveau rouleau de soie sauvage blanche à celui que nous venons de dénicher en rayon. Cette fois-ci pas d’erreur, le rapport de prix entre les deux est bien du double. Et, d’ailleurs, on constate bien la différence. Mais curieusement, après toutes les comparaisons possibles – lumière du jour, texture au toucher, transparence, brillance… – c’est le tissu de plus faible qualité qui a notre préférence. Aurions-nous des goûts étranges ?

Indécises, nous ressortons, mais sans oublier d’acheter une bonne quantité de tissu en coton bon marché qui servira à faire un premier modèle avant la robe elle-même.

Etape n°4 : Paris Tissus

Toujours au pied de la butte Montmartre, Paris Tissus est une petite boutique dans laquelle Marie nous emmène, que nous n’aurions pas remarquée sans elle et qui vend à prix cassés, nous explique-t-elle, des tissus haute couture laissés par les grandes marques une fois leurs collections terminées. On trouve en effet du Hermès, du Chanel, du Dior…

La boutique est minuscule avec des rouleaux de tissus sur tous les murs et jusqu’au plafond. Une vraie caverne d’Ali Baba. Après avoir un peu fouiné du côté des tissus blancs, nous demandons au vendeur s’il a de la soie sauvage. Nous avons de la chance, il lui en reste un rouleau.

ParisTissus

Elle est très belle, d’un toucher agréable. Ni trop transparente, ni trop brillante. Quelques minutes de discussion avec le vendeur plus tard – il est très aimable, c’est le premier de la journée – nous commençons à sortir d’autres rouleaux de tissus qui pourraient convenir pour le jupon. L’un d’entre eux convient parfaitement, en texture comme en coloris. C’est du Vuitton, rien que ça. L’ensemble est très convaincant.

Une fois le prix négocié, nous ressortons en prétextant le besoin de réflexion. Un petit tour sur la butte pour nous changer les idées plus tard, nous voilà arrivées à :

Etape n°5 : Tissus Reine

Dernier magasin prévu sur notre itinéraire, toujours à Montmartre. Leur soie sauvage est rapidement écartée, elle ne tient pas la comparaison avec la précédente. Nous ressortons en revanche avec le tissu basique en coton pour le jupon inférieur.

TissusReine

Choix final

Nous sommes enfin décidées. Retour à Paris Tissus pour prendre l’ensemble soie sauvage pour la robe + tissu Vuitton[3] pour le jupon supérieur. Nous filons ensuite chez Bouchara acheter du tulle[4] plus adapté que celui trouvé dans les autres magasins.

Ca y est, c’est fait, nous avons tout le tissu qu’il nous faut ! Ma robe est donc actuellement sous la forme de 4 bouts de tissus différents, pliés, chez Marie.

Prochaine étape, la première toile. C’est le nom donné à la première version de la robe, effectuée dans un tissu plus grossier, qui servira de base pour la réaliser la robe finale.

Notes

[1] On pourrait croire que l’omission de l’énumération qui s’est ensuivie est un effet de style. La vérité m’oblige à avouer que je suis bien incapable de retrouver le nom de tous les tissus qu’elle nous a cités.

[2] Les rouleaux étant au milieu d’un tas, c’est plus difficile qu’on ne le croit.

[3] Le comble du snobisme : acheter du tissu Vuitton pour une doublure.

[4] Pour raidir le jupon.